Histoire et patrimoine

Le village de Montmorin

Guidé par les larges paliers des calades en « pas d’âne » récemment rénovées, le visiteur pourra découvrir les attraits de ce village perché entre Provence et Dauphiné, installé en gradins sur un contrefort de la montagne du Duffre.

Calade « en pas d’âne » (Village de Montmorin)
Village perché de Montmorin

 

Pittoresque : le passage de Calaber

Le beffroi

le beffroi

Cet édifice à l’allure télescopique a été offert par un certain Monsieur Blaye de Montmorin aux environs de 1850. Libre penseur, c’est de retour au pays après avoir fait fortune, que ce vétéran du Cambodge formula le vœu généreux selon lequel tous les habitants du village devaient pouvoir lire l’heure depuis leur maison. Un détail curieux : symbole de laïcité, ce beffroi est pourtant équipé de deux cloches dont une était la propriété du clergé, l’autre appartenant à la commune. Et c’est ainsi que l’heure de la messe était sonnée deux fois : une fois à l’église, une fois à l’horloge. Les villageois ne s’en étonnaient pas, faisant simplement remarquer dans le patois local : « Entende Blaye qui sonne ! »

Le four banal

Le four banal a été restauré par la municipalité de Montmorin sous la mandature de Raymond Girousse et inauguré en 1999 à l’occasion de la première fête intercommunale de la Haute Vallée de l’Oule.

L’église du XVe siècle

Dédiée à Saint Arnoul, Evêque de Gap, construite en grès roux, sa partie la plus ancienne date du XVe siècle. (selon documentation). Cependant le panneau signalétique actuel annonce une église du XIIe siècle. Cette église était sous la tutelle de l’Abbaye de l’Ile Barbe située sur la Saône, au niveau de Lyon. l’édifice fut prolongé en 1686 pour accueillir l’afflux de reconvertis au catholicisme après l’abrogation de l’Edit de Nantes. A noter que récemment une partie de cette église (la chapelle des pénitents qui faisait office de sacristie) a été restaurée par la municipalité (à lire : Fil de l’Oule n° 101 et 103 ).

Autel de la Chapelle des Pénitents (attenante à l’Eglise Saint Arnoux)

La résidence seigneuriale des XVIIe – XVIIIe siècles

Cette demeure vit naître en 1645 Philis de La Charce. Fille du seigneur de la localité voisine de La Charce : Pierre III de la Tour du Pin-Gouvernet, cette héroïne, convertie au catholicisme après la révocation de l’Edit de Nantes et parfois appelée « la Jeanne d’Arc du Dauphiné » servit l’Etat au moment de l’invasion des Alpes par le Duc de Savoie Victor Amédée II en 1692. Le roi Louis XIV décide alors de récompenser son engagement par une pension de 2000 livres.

Certains historiens modèrent cependant cette version, soulignant que Philis jouissait aussi d’un important réseau de relation, dont la Marquise de Sévigné, pouvant expliquer la surenchère concernant ses mérites et faits d’arme.

A l’intérieur de cette bâtisse, un escalier, rampe sur rampe, au décor de gypseries polychromes et aux voûtes d’ogives est inscrit à l’inventaire des monuments historiques depuis 1999.

A lire :

  • Philis de la Charce et son château : Les cahiers de l’Oule, 2003
  • Philis de la Charce, par Rodolfe Carré

Le château du XVIe siècle

Construit à l’aide d’un grès roux local aux couleurs mordorées, l’édifice fut construit en 1577 par le maître maçon Bernard Fazy de la Roche des Arnauds après la destruction de l’ancien château (datant celui-là du XIIIe siècle) par un incendie lors des guerres de religion. Selon les recherches effectuées par le propriétaire, ce château avait uniquement une utilité de fortin ou tour de gué. Une garnison y était installée et surveillait l’horizon afin de faire barrage à l’arrivée d’éventuels envahisseurs venus du col des Tourettes et de prévenir le château de la Charce par l’intermédiaire de la Tour de Bruis grâce à des signaux obtenus par l’allumage de feux. On observe des fenêtres à meneaux lisses sur sa façade Sud ainsi qu’une porte en accolade.

Les porches, les portes ouvragées…

La chapelle Notre-Dame de la Paix

Laure de l'Adoux d'Oule
La Chapelle Notre Dame de la Paix au lieu-dit le Villard (Village de Montmorin)

Cette chapelle a été construite dans les années 90 sur les hauteurs du lieu-dit « le Villard ». Ce hameau de Montmorin ainsi que celui des Chabannes et le quartier de l’Adoux d’Oule ont accueilli dès la fin des années 60 les premiers membres, (dont le charismatique Père Emmanuel décédé en 1992) d’une laure encore présente aujourd’hui sous le nom de « Congrégation St Jean ». Cette communauté religieuse à vocation érémitique a été le maître d’œuvre de cette chapelle. A noter la présence à l’intérieur de l’une des annexes de la communauté, au lieu-dit l’Adoux d’Oule, d’une vierge enfant appelée « la Bambina » à l’histoire très particulière.

La chanson

« La chanson de Montmorin », chantée sur l’air de « Il pleut bergère » a été écrite par un instituteur montmorinois à la retraite vers 1900. En voici quelques couplets (au nombre de 35 ! ) :

Il existe sur terre dans notre Dauphiné
Un rustique parterre, vallée où je suis né
L’Oule qui la traverse commence à Montmorin
Dans l’Aygues se déverse à Rémuzat soudain

Pour l’Oule et pour la Drôme, le Duffre est un parrain
D’un côté c’est Valdrôme, de l’autre Montmorin
Le Duffre à 800 toises domine l’horizon
En été les framboises rougissent le gazon

Sous le Gâ la rivière trouve son premier pont
Le rio de la Péguière vient des plaines d’Arrons
Les aiguilles rocheuses surplombent le Moulin
L’Oule passe grondeuse le pont de St Martin
La Lauze en ses entrailles d’un village enfoui
Recouvre les murailles ville vieille aujourd’hui
Tout en face aux Chabannes des diables autrefois
Pratiquaient leurs arcanes et répandaient l’effroi

L’Oule après Chaboussole fertile et beau quartier
Derrière chaque saule entrevoit Serre-Boyer
Le clôt est sur la droite un lieu riche à foison
Le hameau qui l’exploite l’enclot de ses maisons

Un manoir près de l’Eglise au bas l’autre château
Une tour bien assise vous frappe aussitôt
Puis ce sont les écoles et les fermes au loin
Des peupliers des saules dans les moindres recoins

Le musée d’outils anciens : l’Ecurie casado

Alambic
Musée d’outils anciens
Ecurie Casado

Pour ceux qui n’ont pas encore franchi le seuil de la lourde porte où quelques lettres gravées annoncent « l’Ecurie Casado » il est toujours temps de visiter cet antre où sont exposés toutes sortes d’outils anciens restaurés avec beaucoup de soin et harmonieusement disposés sou la voûte séculaire. Véritable caverne d’Ali Baba, cette salle d’exposition est en effet ouverte au public toute l’année, car si François n’est pas là (c’est-à-dire parti à la recherche de perles rares qui manquent à sa collection), un voisin ou la bibliothécaire qui est juste en contrebas, se feront un plaisir de guider le visiteur de l’alambic à la presser à huile de noix en passant par la forge, l’ herminette,… tous ces objets chargés de passé, patinés et même personnalisés par les mains qui les ont utilisés jusqu’à l’usure…

Il est à signaler que la création de ce musée a été possible, outre la détermination de François, aussi grâce à la participation des habitants de VALDOULE qui ont accepté d’y mettre en dépôt les vieux outils qui dormaient dans les remises et autres hangars. Une réalisation exemplaire donc d’œuvre collective qui rend ainsi un bel hommage à la mémoire locale.

Renseignements : 09 81 88 52 11

Sans oublier de  nombreuses anecdotes qui, au fil des siècles sont venues enrichir l’histoire de ce village. On se souvient par exemple du caudron venu atterrir en urgence en 1922. Et comme l’histoire se répète toujours un petit avion a remis ça en 2003 (voir les articles sur le fil de l’Oule n°    et n°    )

 

Le caudron de 1922

Le Jodel de 2003

Le village de Bruis

L’Oratoire de Font Sante

Inauguration de l’Oratoire de Font Sante (Village de Bruis, route d’Usage) par Monseigneur Di Falco

Inauguré par Monseigneur Di Falco en 2005, l’Oratoire-Fontaine de Font Sante a été érigé afin de faire revivre une tradition locale puisant ses origines au Ve siècle environ, époque à laquelle « une jeune bergère du nom de Marie Anne Elisabeth, poursuivie par des malfaiteurs, serait venue se cacher dans ce désert et que là, se voyant traquée et prête à tomber en leurs mains, aurait invoqué le ciel et qu’au même instant, la terre, s’entrouvrant, l’aurait dérobée à leur poursuite en lui offrant un asile en son sein… » (propos de l’Abbé Allemand : extrait d’archives).

Au XVIIIe siècle, en périodes de forte sécheresse, les paroissiens de Montmorin, Bruis, Sainte-Marie et Pommerol se rendent à la source en procession en entonnant le cantique de Font Sante sur l’air de « Pitié mon Dieu » pour demander la pluie, tous les premiers dimanches d’août.
Extrait du cantique : « un fait certain, c’est qu’à plusieurs reprises, cette sainte eau s’est transformée en sang. A cet aspect, les foules très surprises ont reconnu la main du Tout Puissant. »

Une chapelle (dont les vestiges sont encore visibles tout près de l’oratoire) sera même construite par les habitants et bénie en 1882 sous le vocable de « Notre-Dame des Anges ». La guerre de 14 a porté le coup de grâce à cette pieuse tradition et il faudra attendre l’arrivée du père Stéphane Marie Barbellion dans la vallée de l’Oule en 1995, pour que la mystérieuse source, en principe intarissable, et aux vertus supposées si on la recueille le jour de Pâques, suscite à nouveau l’intérêt. Depuis 2002, les pèlerins ont retrouvé le chemin de Font Sainte. Le projet de construction d’un oratoire – fontaine a pu se concrétiser en 2005 grâce à la volonté de plusieurs partenaires dont la mairie de Bruis, qui a œuvré pour obtenir des financements, mais aussi l’association des « amis des oratoires », ainsi que des donateurs connus ou anonymes.

L’église St Michel

Eglise Saint Michel (Village de Bruis)

Récemment restaurée par la municipalité, cet édifice date du XVIIe siècle (selon manuscrits retrouvés dans la vallée elle fut construite en 1664 par les habitants). La porte d’entrée est datée de 1683 mais son clocher est du début du XXe siècle (1905).
On peut y observer une plaque de marbre gris, considérée comme la plus ancienne inscription chrétienne de la région. Estimée du VIe siècle (538), cette plaque provenait de la tombe d’un notable. C’est la plus ancienne preuve de l’existence de la foi dans la région. On y lisait :

« (In) PACE BONAE MEMORIA
(Vix) I ANNIS QVINQVAGINTA
(i) OHANNE VCC IND. SECUNDA »

La tour médiévale

Communément appelée « tour sarrasine », il s’agit sans doute de la tour médiévale la plus élégante du sud-est du département des Hautes-Alpes. Ce donjon est conservé sur une quinzaine de mètres de hauteur. Ses murs ont une épaisseur de 2 mètres. On peut remarquer que ses quatre faces sont orientées vers les points cardinaux. Juchée à 838 m d’altitude, sur un contrefort du Serre d’Embouc, montagne séparant les Baronnies du Diois. Le fleuron de cette architecture réside dans la présence d’une cheminée aujourd’hui suspendue au second étage édifiée soit à la fin du XIIIe siècle, soit au début du XIVe siècle.

Le château-ferme

Le Château ferme (Village de Bruis)

Une maison forte construite au XVIIe siècle (1669) en contrebas de la tour témoigne de la descente de l’habitat au bas moyen âge. Ce château-ferme, malgré sa relative petite taille, est mentionné dans le Larousse des châteaux de Gérard Denizeau. Il faut dire que l’un des propriétaires de cette demeure n’était autre que la mère de l’auteur.

Il fut habité par Françoise de Rivière qui avait épousé César de Vincens – Mauléon (cousin germain de Philis de la Charce). A l’intérieur, on admire une jolie montée d’escaliers en pierre, une belle salle avec une cheminée monumentale.

« Ce petit château ne se signale que par la présence d’une tour circulaire à l’angle nord-ouest. Hors cette particularité, il développe un simple corps de logis à étages. De façon significative, il succède en tant qu’édifice symbolique du pouvoir local à la tour quadrangulaire du XIIe siècle dressée sur la colline voisine : construite en pierres plates, cette dernière assura longtemps la protection du village primitif de Bruis situé à ses pieds. Avec l’avènement des temps modernes, les fortifications s’effacent ainsi au profit de bâtiments qui permettent l’exercice d’une activité agricole assurant au maître des lieux une domination fondée sur la prospérité matérielle et non plus sur les armes. » Extrait du Larousse des châteaux.

Le village de Sainte-Marie

Un peu à l’écart de la départementale, Sainte-Marie est tout proche du célèbre village de Pommerol entièrement restauré par un privé. Le col de la Fromagère qui le relie à Rosans vaut le détour, ne serait-ce que pour ses curiosités géologiques. On y accède depuis Sainte-Marie par la route du Verrier.

La place du village et sa fontaine circulaire est bordée en partie par les restes d’une résidence seigneuriale au style maniériste, ayant appartenu à la famille de Rivière. Construit à partir d’un donjon quadrangulaire des XIIe et XIIIe siècles (tour carrée), le corps de bâtiment est également flanqué d’une tour circulaire.

La Tour ronde (Village de Sainte-Marie)

Autrefois cantonné de 4 tours, deux seulement subsistent aujourd’hui, le bâtiment a été remanié au XVIe siècle : au dessus de la porte d’entrée, on lit la date : 1579. La cour intérieure est accessible par une porte cochère qui, comme l’attestent de vieilles photographies, fut un superbe porche Renaissance, à volutes encadrant des armoiries.
La tour carrée abrite une cheminée de gypse du XVIe siècle où on peut lire : « Sum gratia Dei id quo sum » = « par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis » ainsi qu’un énigmatique monogramme : C,B,D,R,L,M,N,A,V. En son troisième niveau se trouve aussi un décor ancien de fresque datant du XIVe ou XVe siècle.

La Tour carrée (Village de Sainte-Marie)

La tour ronde : percée de canonnières et d’une magnifique baie Renaissance encadrée de pilastres cannelés et surmontée d’un linteau de gypserie figurant un chien enserré de rubans ainsi que d’une tête lunaire.

L’église Notre-Dame

Eglise Notre dame (Village de Sainte-Marie)

Mentionnée dès 1183, elle a récemment été joliment restaurée par la municipalité.